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La couleur dans l’art : entre traditions et expérimentations

par Maëlle B.
27 octobre 2021
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Parler de la couleur ne peut être un propos exhaustif. La peinture est couleur, mais la couleur est aussi peinture. Chaque peintre la ressent et la traduit selon son propre prisme. Certaines tendances se profilent tout de même en fonction des époques. Les artistes respectent les traditions en vigueur, puis cherchent à s’en détacher grâce aux progrès scientifiques qui ouvrent la porte à de nouvelles expérimentations.

Les couleurs pures du Moyen Âge

Au Moyen Âge, le terme de couleur primaire n’a pas le même sens qu’aujourd’hui : la couleur s’incarne dans la matière et toutes les matières qui se trouvent dans la nature ont vocation à devenir couleurs. Chacune ayant une symbolique propre, on évite de les mélanger. On ne s’attarde pas sur la teinte des couleurs, mais plutôt sur l’apparence de celles-ci sur le support : mates ou brillantes, foncées ou claires.

Martin Schongauer – Retable de Jean d’Orlier, entre 1470 et 1475, Musée Unterlinden, Colmar, ©Christian Kempf

Rouge passion

Le rouge, couleur par excellence utilisée depuis la préhistoire en passant par l’antiquité, est associé au pouvoir, à la richesse, à l’amour. Le pigment est obtenu après traitement réalisé sur un insecte minuscule, la cochenille. Exporté du Mexique vers l’Europe au XVIe siècle, il est toujours utilisé au XIXe siècle par Turner ou Delacroix, avant d’être enfin remplacé par des pigments synthétiques. 

Bleu divin

Le bleu arrive en peinture par la religion. On cherche à exprimer la présence divine qui vient du ciel, lui-même bleu. C’est ainsi que cette couleur devient celle de la Vierge Marie par exemple. Cette teinte est aussi associée au sacré, car le Lapis-lazuli, dont est extrait le pigment outremer, est un matériau très onéreux. En provenance d’Afghanistan, d’Iran ou du Tibet, il faut nettoyer la pierre de ses impuretés avant de pouvoir en extraire les particules bleues. Entre le transport dangereux et l’extraction pénible, son coût dépasse celui de l’or !

Jaune d’or

Au Moyen Âge, l’opposition “brillant / mat” a plus d’importance que les nuances. Quand on utilise du doré, c’est en fait un jaune brillant. Il est utilisé pour les nimbes, ces cercles lumineux placés autour de la tête des personnages sacrés. A contrario, le jaune mat devient de fait négatif, et s’utilise par exemple pour vêtir les traîtres ou les personnages peu dignes de confiance, tel Judas.

Vert mortel

Le vert est une couleur chimiquement instable, assez difficile à fixer. Par association, on l’utilise alors pour des personnages comme les bouffons, les fous, les jongleurs… Cette connotation n’est pas forcément négative, elle retranscrit simplement l’instabilité du pigment. Le vert peut aussi être utilisé pour symboliser la peur et tous les monstres qui peuvent y être associés. D’ailleurs, certains verts étaient mortels, en raison de l’arsenic qui s’en dégageait au contact de l’eau ou de l’humidité.

Double noir

Le noir est aussi ambivalent : négativement, il évoque la peur ou la mort. Positivement, il est le représentant de la dignité, de l’élégance et de l’autorité. Cette couleur est utilisée pour vêtir le commanditaire du retable peint par Schongauer, en bas à gauche de la composition. De nos jours, on place le noir à part des couleurs, de même que le blanc. Ce sont des coloris que nous avons tendance à opposer. Cependant, le plus gros contraste que l’on pouvait trouver à la Renaissance était le rouge et le blanc. Il faut attendre le XXe siècle pour que le noir soit réhabilité dans la peinture.

Domenico Zampietri, dit Le Dominiquin – La Vierge à l’Enfant avec saint François, 1ère moitié du XVIIe siècle, Musée du Louvre, Paris, © 2007 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) : René-Gabriel Ojéda

Les couleurs primaires, fondement de la peinture

Bartolomeo Bulgarini – La Crucifixion, 2e quart du XIVe siècle, Musée du Louvre, Paris, © 2006 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) : Thierry Le Mage
Johannes Vermeer – La Dentellière, vers 1669-1670, Musée du Louvre, Paris, © 2005 Musée du Louvre : Peintures

Une couleur primaire ne peut être créée par mélange. On en dénombre trois : le jaune, le rouge et le bleu. En revanche, ces trois couleurs sont à l’origine de toutes les autres, par mélange. Dès la fin du Moyen Âge, on retrouve cette triade chromatique dans certaines compositions, chez Bulgarini par exemple. C’est réellement à partir du XVIIe siècle que ce concept fondamental de couleurs primaires s’impose parmi des peintres comme Poussin ou Vermeer, qui se servent de ces 3 couleurs pour structurer la composition. Elles sont aussi associées et mises en valeur dans l’œuvre de Fragonard et de Bouchet au XVIIIe siècle.

Par la suite, elles sont au cœur de l’œuvre et de la réflexion d’artistes du XXe siècle. Mondrian, en recherche de simplification et d’épure, restreint sa palette aux 3 couleurs primaires, auxquelles il adjoint le noir et le blanc. Le mouvement De Stijl promeut aussi l’utilisation de ces 3 couleurs dans tous les domaines de l’art : de l’architecture au design. Kandinsky établit des correspondances entre couleurs primaires et formes géométriques de bases à l’occasion des cours qu’il donne à l’école du Bauhaus : le triangle, le carré et le cercle.

Nicolas Poussin – Le Ravissement de saint Paul, 1649-1650, Musée du Louvre, Paris, © 2009 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) : Stéphane Maréchalle
Boucher peinture galante La Cage
François Boucher – La Cage, 1763, déposé au Musée Baron Gérard, Bayeux – © 2015 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) : Benoît Touchard
Jean-Honoré Fragonard – Le Jeu de la Palette, vers 1760-1765, Musée du Louvre, Paris – © 2021 Musée du Louvre : Hervé Lewandowski
Piet Mondrian – New York City, 1942, Musée national d’Art moderne, Paris, Domaine public, cc Philippe Migeat pour le Centre Pompidou

Quand la science se mêle à l’art

Entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle, on appréhende la couleur de manière physique. On commence à parler de la couleur comme caractéristique physique de la lumière. C’est grâce à Isaac Newton qui fait une expérience à l’aide d’un prisme de verre que l’on sait que la lumière blanche est constituée de différents rayons colorés, les couleurs de l’arc-en-ciel. Cette classification en cercle chromatique de sept couleurs est encore en usage de nos jours. En 1810, dans Le traité des couleurs, Goethe réfute le système du cercle chromatique qui démontre que la couleur est lumière. Pour lui, la couleur n’est pas seulement lumière, au contraire, elle est un mélange de lumière et d’obscurité. Il a alors l’idée d’opposer les couleurs dites chaudes des couleurs froides.

Vincent Van Gogh – Le Docteur Paul Gachet, 1890, Musée d’Orsay, Paris, ©Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais:Patrice Schmidt

La notion de couleurs complémentaires émerge quant à elle en 1839 avec la publication de Michel-Eugène Chevreul intitulée De la loi du contraste simultané des couleurs. Dans cet ouvrage, Chevreul met en avant le rôle des couleurs complémentaires lors de la perception de la couleur par l’œil. Lorsqu’une couleur est placée à côté de sa complémentaire, les deux ont tendance, par contraste, à s’exalter. Les couleurs complémentaires sont celles qui s’opposent sur le cercle chromatique. Van Gogh utilise cette caractéristique dans son Portrait du docteur Gachet, surtout dans la deuxième version où le bleu et l’orange sont beaucoup plus prononcés que dans la première.

Manipulations de la matière

Victor Vasarely – Vega Pâl, 1969, Musée Unterlinden, Colmar, ©Christian Kempf

Ces découvertes influencent beaucoup le travail des artistes. Les impressionnistes vont au bout du traitement de la couleur à la fin du XIXe siècle en représentant les effets de la lumière sur un paysage à un moment bien déterminé. Les touches de couleurs font peut-être disparaître un peu la forme, mais pour mieux faire ressortir la lumière. Ils réfléchissent également à la manière d’utiliser la couleur par rapport à la surface peinte. Certains peintres structurent la composition par couches successives de couleurs. Georges Seurat se sert par exemple des théories sur les couleurs complémentaires pour mettre au point sa technique du pointillisme.

Au lieu de mélanger directement les couleurs entre elles, il les appose sur sa toile les unes à côté des autres, par petites touches. La perspective atmosphérique, aussi appelée perspective aérienne, est une des techniques utilisées par Victor Vasarely. En fonction de la distance, on ne perçoit pas les couleurs de la même manière. On peint d’une couleur plus claire ce qui se trouve le plus loin et en plus foncé et saturé ce qui se trouve au premier plan. Vasarely construit ses œuvres grâce à cette différence spatiale des couleurs afin de créer des illusions d’optique.

Le monochrome, l’abstraction totale

Kasimir Malevitch – Carré blanc sur fond blanc, 1918, Museum of Moderne Art, New-York — Domaine public cc commons.wikimedia.org
Yves Klein – Monochrome bleu sans titre, 1959, cc Yves Klein & Wikiart
Pierre Soulages – PEINTURE 324 X 362 CM, 1986 (POLYPTYQUE I), Musée Soulages, Rodez, cc Musée Soulages, Ville de Rodez

La couleur n’est pas suffisamment étudiée en Histoire de l’Art. On se concentre sur le style, la manière de peindre, les thèmes ou l’iconographie, mais sans réellement parler de la couleur. Gardons en mémoire que les pigments évoluent avec le temps et peuvent se dégrader et que les conditions d’éclairage ne sont pas forcément les mêmes que lors de la création de l’œuvre. Surtout, chaque individu perçoit la couleur différemment. Les capacités physiques, mais aussi les constructions mentales ainsi que les références culturelles des spectateurs ne sont pas les mêmes que celles du peintre.

Aujourd’hui encore, la couleur concerne tous les secteurs d’activités qui lui accordent une attention particulière afin de l’utiliser pour leur identité de marque. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez prendre contact avec moi pour savoir comment mettre en place une stratégie de marque efficace pour votre entreprise avec des couleurs originales et porteuses de sens !


Article rédigé par Manon SALLEY, merci à toi pour ta contribution à ce blog par tes connaissances en Histoire de l’Art, domaine qui m’inspire et me fascine depuis si longtemps.

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